« L’effectivité des droits et des libertés ne doit pas se limiter aux questionnements des textes de loi, mais à une évaluation de leur capacité à changer la réalité et à faciliter l’accès des citoyens aux droits fondamentaux de la personne ». Les propos sont ceux de la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach qui a pris part le 26 septembre 2019 à la rencontre de présentation du rapport le Fond des Nations unies pour la population (FNUAP) sur l’Etat de la population 2019.
Organisée par le FNUAP, en partenariat avec le CNDH, cette rencontre coïncide avec deux évènements d’envergure historique : la célébration du 25ème anniversaire de la tenue de la première Conférence internationale sur la population et le développement mais aussi le 50èmeanniversaire de la création du FNUAP.
Tout en rappelant le rôle important que joue le FNUAP dans la garantie de l’accès universel à la santé reproductive des populations ni sur sa contribution dans la mise en œuvre de ces droits pour les générations à venir, Mme Bouayach a indiqué que ce rapport « s’inscrit dans un long processus de conquête des droits, d’éducation et de sensibilisation sur les problématiques majeures telles que la violence à caractère sexuel et le mariage des mineures, fléaux ravageurs dans la vie de nos filles et de nos femmes ».
Elle a de ce fait mis en exergue l’engagement du CNDH dans cette dynamique « qui a toujours plaidé pour une concrétisation des engagements du Maroc, notamment ceux pris lors de la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994 ; engagements qui visent à garantir l’éducation, en particulier celle des filles, l’équité et l’égalité entre les sexes, et la promotion et la protection des droits des groupes les plus vulnérables ».
Elle a rappelé à ce propos, la campagne lancée par le CNDH, en mars dernier sur le "Mariage des mineures : Abolir l'exception ... rétablir la norme", dans la perspective de l’amendement des dispositions du code de la famille, notamment l’exception prévue par l’article 20 du code de la famille, qui permet aux juges d’autoriser le mariage des mineurs, en fonction de leur appréciation.
« Notre conviction est que la place du mineur est sur les bancs de l’école, et nous n’épargnerons aucun effort pour que les filles du Maroc puissent jouir pleinement du droit, sacré, à l’éducation, y compris l’éducation sexuelle » a-t-elle souligné.
Tout en appelant à la multiplication des initiatives conjointes selon une approche concertée et pluridimensionnelle, elle a précisé que « l’effectivité des droits et des libertés ne doit pas se limiter aux questionnements des textes de loi, mais à une évaluation de leur capacité à changer la réalité et à faciliter l’accès des citoyens aux droits fondamentaux de la personne ».
Le rapport du FNUAP montre d’énormes progrès ont été réalisés en matière de santé reproductive, notamment la mortalité maternelle, l’accès aux de contraception et la planification familiale, mais il reste beaucoup à faire pour permettre aux femmes et aux hommes d’exercer pleinement leurs droits en matière de reproduction.
Aujourd’hui encoure, 214 millions de femmes dans le monde souhaitent éviter une grossesse et ne disposent pas de moyens de contraception modernes. Et chaque jour, plus de 800 millions de femmes décèdent de causes évitables pendant la grosse ou l’accouchement. La clé de voute reste l’autonomisation des femmes, car le non accès aux droits est lié à la pauvreté.