Un débat approfondi autour de la politique migratoire du Maroc a levé le rideau sur la programmation du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) dans le cadre de sa 25éme édition du Salon international de l’édition et du livre qui s’est ouvert le 8 février 2019 à Casablanca. Une participation placée cette année sous le thème « Mobilité : Droits sans frontières ».
Dans cette première rencontre de la rubrique débat durant laquelle des problématiques seront traitées et analysées en lien avec les droits des étranger-è-s au Maroc, la parole a été donnée à Ahmed Taoufik Zainabi, du CNDH, à Ahmed Skim, du ministère délégué chargé des Marocains Résidant à l’Etranger et des Affaires de la Migration, à Mohamed Aadi du ministère d’Etat chargé des droits de l’Homme et à Mohamed Charef, président de la Commission régionale des droits de l’Homme d’Agadir en tant que modérateur.
Comment est née l’idée d’une nouvelle politique migratoire au Maroc ? Quelles mesures concrètes ont été prises par les secteurs gouvernementaux concernés dans ce domaine ? Comment garantir une intégration effective des migrants dans la société marocaine ? Quels sont les défis qui se posent dans ce domaine et les moyens de les surmonter ? Des questions et tant d’autres auxquels ont tenté de répondre les différents intervenants durant ce débat qui a constitué une occasion d’informer le public du processus de lancement de la nouvelle politique migratoire au Maroc et de son évolution depuis la publication du rapport du CNDH sur les droits des migrants au Maroc jusqu’à l’adoption de la stratégie nationale en matière de migration et d’asile.
« L’expérience marocaine en matière d’intégration des étrangers se distingue par le fait que c’est la première expérience née du Sud pour approcher la problématique de la migration avec un esprit de solidarité loin de tout calcul économique ou démographique... », a souligné à cet égard le représentant du CNDH qui a donné un aperçu sur les principales conclusions du rapport du Conseil sur les droits des étrangers.
Un rapport historique qui a abouti à une série de conclusions structurelles qui consistent principalement en l’appel lancé aux autorités publiques, aux acteurs sociaux et aux pays partenaires du Maroc à œuvrer de concert en vue d’élaborer et de mettre en œuvre une politique publique efficace en matière de migration. Une nouvelle politique garantissant la protection des droits et fondée sur la coopération internationale et sur l'implication de la société civile, qui est axée sur quatre grandes composantes : la situation des réfugiés et des demandeurs d'asile, les étrangers en situation administrative illégale, la lutte contre la traite des personnes et les étrangers en situation régulière.
Cette nouvelle politique migratoire a été couronnée, poursuit pour sa part Ahmed Skim, par l’adoption de la stratégie nationale en matière de migration et d’asile qui repose sur quatre objectifs : la gestion des flux de migrants dans le cadre du respect des droits de l’Homme ; la nécessité de créer un cadre institutionnel approprié ; la mise à niveau du cadre juridique et faciliter l’intégration des migrants en situation régulière.
Et M. Skim d’ajouter que cette stratégie repose sur une vision fondée sur six principes : l’adoption d’une approche humaniste, globale et humaine, conforme au droit international et basée sur une coopération renouvelée avec les différentes parties prenantes et sur une responsabilité partagée.
Une stratégie nationale qui a commencé à donner ses fruits mais qui pose toujours certains défis au niveau de la mise en œuvre, précise Ahmed Skim, dont la nécessité de renforcer le cadre législatif, l’identification des axes de l’application territoriale de la stratégie nationale de migration et d'asile, le renforcement du partenariat avec les régions et les communes en vue d’inclure la question de la migration dans les plans de développement régionaux et locaux, le renforcement des capacités et l’élaboration d’indicateurs d’évaluation des réalisations.
Il convient de rappeler que le CNDH dédie toutes les activités de son stand dans le cadre de la 25ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) à la question de la migration.
Dix jours durant, la parole sera donnée à des écrivains, chercheurs, membres de la société civile et acteurs politiques et institutionnels, ainsi qu’au public en vue de débattre de la question de la migration et de la situation des étrangers au Maroc et de passer en revue les acquis et les défis qui se posent dans ce domaine.
Les activités qui se déroulent sur le stand du CNDH peuvent être suivies en live streaming à travers la page facebook du CNDH : https://m.facebook.com/CNDHMaroc.ar/