La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a présidé la séance de clôture de la rencontre sur « Le suivi et l’examen régional du Pacte mondial pour la migration » organisée le 23 avril 2019 par le groupe de travail du Réseau des institutions nationales africaines des droits de l’Homme (RINADH) sur la migration en marge de la 64ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP).
A cet égard, Mme Bouayach a souligné la nécessité de renforcer la protection des droits des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées sur le continent africain, précisant que la question de la migration pose d’innombrables défis notamment en ce qui concerne l'adoption de politiques efficaces d'intégration à même de permettre aux migrants de jouir pleinement de leurs droits. Ce qui requiert, poursuit la présidente du CNDH de « renforcer la coopération Nord-Sud et Sud-Sud, en particulier entre les États africains. Une coopération qui devrait reposer sur une solidarité effective et inconditionnelle et sur la participation de tous les acteurs concernés sans exclusion ».
Lors de cette rencontre marquée par la participation d’importantes personnalités africaines, dont la présidente de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, la Rapporteure spéciale sur les réfugiés, demandeurs d’asile, migrants et personnes déplacées de la CADHP et de présidents d’institutions nationales des droits de l’Homme africaines, le CNDH a exprimé son étonnement quant au refus persistant des États à s'acquitter de leurs obligations internationales en matière des droits de l'Homme en s'abstenant de ratifier la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. En effet, le nombre d'États ayant ratifié la Convention n'excède pas 51 pays, dont la majorité est parmi les pays du Sud.
Mme Bouayach a mis en exergue, à cette occasion, la réalité selon laquelle les migrations africaines sont des migrations intra-africaines par excellence. Les statistiques améliorées montrent en effet que quatre migrants africains sur cinq se déplacent d'un pays africain à un autre pays africain. Une réalité ignorée par le discours politique et médiatique qui se concentre uniquement sur la migration des pays du Sud vers les pays du Nord, bien que la migration représente généralement moins de 3% de la population mondiale (environ 258 millions de migrants en 2017).
En dépit de cette réalité, poursuit Mme Bouayach, les provocations à l’encontre des migrants vont crescendo. Ils sont considérés comme un sujet de surenchère de la part de courants politiques nationalistes ou de droite qui rejettent des personnes de culture et de civilisation différentes. Résultat : la recrudescence du discours politique qui incite à la haine et la xénophobie et véhicule une image des migrants comme étant à l’origine des dysfonctionnements des politiques publiques. Alors qu’il est avéré que loin de constituer une source d’appauvrissement des pays d’accueil, les migrants contribuent à leur développement, dans la mesure où 85% des revenus des migrants restent dans ces pays.