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Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a réitéré, lors du débat annuel sur les impacts des changements climatiques sur les droits humains organisé dans le cadre de la 59ᵉ session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, l’impératif d’inscrire la justice climatique au cœur de toute réponse mondiale à la crise environnementale.

Dans le cadre de ce plaidoyer internationale, le CNDH a affirmé que la justice climatique est indissociable de la justice sociale, insistant sur l’importance d’une approche fondée sur les droits humains pour orienter les politiques d’atténuation et d’adaptation face aux dérèglements climatiques.

 

 

Dans sa déclaration orale, le Conseil a souligné que l’évaluation des politiques climatiques ne peut faire abstraction des droits fondamentaux des populations, en particulier les plus vulnérables. Cette prise de position fait écho à l’alerte lancée par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, en ouverture du débat. « La crise climatique est une crise des droits humains », a-t-il déclaré, mettant en garde contre une transition écologique déséquilibrée, qui pourrait aggraver les inégalités mondiales et menacer des millions d’emplois dans les secteurs liés aux énergies fossiles.

Dans ce contexte, le CNDH a salué la généralisation de la protection sociale au Maroc, y voyant un levier essentiel pour amortir les chocs économiques de la transition, notamment sur le marché de l’emploi. Le Conseil a appelé à la consolidation de cette démarche à travers une série de recommandations structurantes pour garantir une transition juste, parmi lesquelles :

  1. La codification unifiée des textes législatifs relatifs à l’environnement, pour assurer une meilleure effectivité des droits de l’Homme ;
  2. Le renforcement de la coordination entre les acteurs des politiques environnementales, avec une attention particulière aux groupes vulnérables ;
  3. Le soutien aux populations affectées par les mutations climatiques via des alternatives économiques durables et des dispositifs de reconversion professionnelle ;
  4. L’accompagnement des PME dans leur adaptation aux nouvelles exigences réglementaires.

Amina Bouayach, présidente du CNDH, a, pour sa part, mis en garde contre une approche technocratique ou strictement économique de la lutte contre le changement climatique. « Répondre à la crise climatique, ce n’est pas seulement une affaire d’ingénierie ou d’économie. Il s’agit avant tout de défendre des principes fondamentaux : la justice, la dignité et l’égalité », a-t-elle affirmé dans une déclaration à l’occasion du débat.

 

 

Pour Mme Bouayach, la transition juste ne peut être considérée comme une option, mais comme une condition sine qua non pour éviter l’exclusion des populations marginalisées et vulnérables, notamment celles vivant dans des zones affectées par la sécheresse ou la perte de ressources vitales.

Le Conseil national des droits de l’Homme continue ainsi d’intensifier son plaidoyer pour une meilleure intégration de la justice environnementale dans les politiques publiques nationales et internationales. Car, selon Mme Bouayach, « la crise climatique ne connaît pas de frontières, mais elle frappe de manière inégalitaire, exposant les limites des capacités d’adaptation selon les régions et les peuples. D’où l’urgence d’une approche solidaire à l’échelle globale. »

Elle appelle enfin à un changement de paradigme : « La protection des droits humains face aux dérèglements climatiques exige une alliance internationale audacieuse. Il faut aller au-delà des engagements volontaires et mettre en place des mécanismes contraignants, engageant les États et les institutions internationales à réduire les émissions, mais aussi à garantir un financement juste de la transition dans les pays les plus vulnérables. »

La justice climatique, conclut-elle, ne saurait être atteinte sans un accès équitable aux technologies, aux savoirs et aux ressources financières pour les pays du Sud, condition essentielle à la refonte d’un système mondial de protection environnementale plus juste et plus inclusif.

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