Dans le but de construire une nouvelle réflexion autour de l’accès à la santé selon l'approche droits de l’Homme, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a organisé le 12 février 2019, dans le cadre de sa participation à la 25ème édition du Salon de l’édition et du livre de Casablanca (SIEL), un débat sur l’accès à la santé pour les migrants.
D’abord le constat : Si le Maroc a déployé d’importants efforts pour améliorer l’accès des étrangers résidant au Maroc aux services de santé, force est de constater que plusieurs difficultés subsistent, qui limitent considérablement leur accès à ce droit fondamental.
En effet, comme le souligne M. Rachid Aboutayeb, professeur à l’Université Hassan II à Casablanca, ces difficultés résident dans la faiblesse de l’offre de santé dans sa globalité. Une faiblesse qui se caractérise dans le manque de personnel soignant, l’indisponibilité de certains traitements, les délais d’attente pour les consultations spécialisées, l’incapacité de s’affilier au programme du RAMED ou autre type d’assurance-maladie, la discrimination basée sur la langue et les pathologies source de stigmatisation etc.
Pourtant, le Maroc a entamé plusieurs réformes pour améliorer l’accès des étrangers à la santé comme l’a rappelé Bennani Mchita, représentante du ministère de la Santé. Elle a souligné dans ce sens que le règlement intérieur des hôpitaux, en vigueur depuis 2011, annonce dans son article 57 que « les patients ou blessés non marocains sont admis quels que soient leurs statuts, dans les mêmes conditions que les nationaux ». Ce règlement, garantit, selon elle, l’accès équitable pour tous les étrangers aux hôpitaux. Elle rappelle à cet effet que le Plan stratégique national santé et migration, adopté par le Maroc, se base sur cinq axes principaux à savoir : la veille et la sécurité sanitaire, la promotion de la santé et prévention, la prise en charge appropriée des migrants, la gestion de la riposte nationale en matière de santé et le renforcement de la capacité de système du soin au Maroc.
Cette rencontre a constitué une occasion pour s’enquérir des principes et normes défendus par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de la protection du droit à la santé pour les migrants. A cet égard, Dr Hicham El Berri, représentant de l’OMS, a souligné que la migration est un déterminent social de santé dont il faut tenir compte dans l’élaboration des programmes de santé, mettant l’accent sur la nécessité de créer les conditions favorables à la mise en œuvre des normes internationales en matière de santé, dont les huit principes directeurs de l’OMS relatifs à la santé des réfugiés et des migrants, dans le cadre d’une approche multisectorielle.
M. El Berri a fait savoir dans ce sens que le renforcement de la capacité du système de santé à répondre aux besoins sanitaires des migrants et des populations d’accueil figure parmi les actions menées par l’OMS, notamment sur le plan du leadership, de la formation du personnel médical, etc.