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EDITO

Forum d'Essaouira : "la force de la culture contre la culture de la violence"

Les 21 et 22 juin 2019

La haine, la tolérance. Ce couple semble ponctuer histoire de l’Humanité. Entre échec et succès, entre guerre et reconstruction, entre crise et dénouement. Ces deux constantes paraissent être l’inévitable moteur de notre condition sur terre.

Il n’y a, cependant pas lieu, d’être aussi pessimiste. La haine, n’est pas une fatalité.

Nous avons réussi, par le passé, à construire un monde meilleur ; plus tolérant, plus ouvert, plus éclairé.

Nous avons su dépasser nos divisions, et créer un cadre universel où l’Homme est au centre ; par le dialogue constant, par le débat, l’échange et l’écoute. Ainsi furent nés les Droits de l’Homme.

Car la Tolérance, dans son essence, est l’Action Commune. Son but premier est de garantir à tout un chacun, sa dignité et ses droits fondamentaux.

Toutefois, dans la Tolérance existe aussi, une dimension plus posée, plus sage, plus résignée : celle d’accepter l’autre, quel qu’il soit, par devoir.

Le devoir de Tolérance, plus qu’une qualité sociale, ou une vertu morale, est au cœur des sociétés libres ; où le sens du civisme et du vivre-ensemble contribuent, chaque jour, à nourrir la démocratie et l’état de droit. Les institutions démocratiques, véritable arme de la Liberté, ne sont-elles pas, le bastion de la Tolérance ? Là où l’ultime interdit est celui de nier à l’autre sa dignité, son humanité, son droit.

En ce sens, Essaouira fut parmi les villes marocaines les plus libres de son Histoire.

Millénaire, la ville d’Essaouira est empreinte de toute l’Histoire du Maroc. Des Phéniciens, aux Portugais, des Romains aux Andalous, en passant par les Wattassides, les Saadiens, les Alaouites… on ne compte plus les civilisations qui ont fait de cette ville un de leurs Chefs-lieux.

Sa diversité fut presque réfléchie ; elle en fit un lieu riche en commerce, en art et en culture. Ainsi, Essaouira fut-elle presque, condamnée à symboliser l’hospitalité, le vivre-ensemble et le pluralisme marocains. En ceci, elle porte en elle l’universalisme de nos valeurs.

Cette tradition, toujours vivante aujourd’hui, doit nous inspirer, nous guider et nous donner espoir.

Dans un monde, plus que jamais divisé, déchiré par les séismes de l’Age Moderne; on se doit de célébrer, comme chaque année au Festival Gnaoua, cette lueur d’espérance que nous portons en nous ; et de se rappeler que les haines, quoique ravageuses et dévastatrices, n’ont jamais su triompher à Essaouira.

Nous y gagnerions de l’Humanité.

Amina Bouayach
Présidente du CNDH

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